Travailleuses et travailleurs sociaux sont aussi en première ligne
L'article suivant de la présidente de l'ATTSNB, Géraldine Poirier-Baiani, a été publié dans l'Acadie Nouvelle le 24 septembre 2021. La version anglaise de l'article a été publiée dans le Telegraph-Journal, le Times & Transcript, et le Daily Gleaner le 4 octobre 2021. Pour lire la version anglaise, veuillez cliquer ici.
Travailleuses et travailleurs sociaux sont aussi en première ligne
Les deux dernières années ont été éprouvantes.
De nos jours, nous entendons souvent dire que la pandémie a été difficile pour tout le monde. La phrase est devenue un cliché, mais elle n’en reste pas moins vraie pour chacun et chacune d’entre nous. La quatrième vague vient tout juste de frapper au Nouveau-Brunswick et je dois dire bien franchement que nous en avons eu assez.
Des familles sont séparées depuis des mois, voire des années. Les gens sont devenus plus isolés et craintifs. Certains ont perdu leur emploi; bien que l’on tente de faire rebondir l’économie, l’avenir est plus incertain qu’il l’était il y a deux ans pour certaines personnes. Le virus de la COVID-19 a enlevé la vie à des amis et à des proches. Le niveau de stress est monté en flèche et chacun et chacune d’entre nous avons eu à faire face à des défis personnels.
Personne n’est plus conscient que les travailleuses et travailleurs sociaux des effets qu’exerce la pandémie sur la vie des gens. Pour expliquer ce propos, il importe de comprendre le travail que font les travailleuses et travailleurs sociaux.
Malheureusement, il existe des idées fausses courantes à propos de notre travail. Sur un plan négatif, certains pensent que notre travail se limite à distribuer des chèques d’assistance sociale et à séparer des familles; rien n’est plus faux.
Comme plusieurs autres professionnels, nous vivons selon un code de déontologie. D’abord et avant tout, le « respect de la dignité et de la valeur inhérentes des personnes et la recherche de la justice sociale » se trouvent au cœur de notre pratique.
Que veut dire cet énoncé en pratique? Voici quelques exemples concrets.
Un enfant qui fait partie de ce qui semble être une famille ordinaire de la classe moyenne connaît des difficultés, malgré le fait qu’il vit dans un ménage à revenu stable avec deux parents qui ont suivi des études postsecondaires. La résolution de ce problème implique de consulter avec une travailleuse ou un travailleur social, entretenir des conversations difficiles, et peut-être entendre des versions contradictoires des faits. Les problèmes sont habituellement complexes et peuvent traiter par exemple de toxicomanie ou de problèmes de santé mentale. Il en revient à la travailleuse ou au travailleur social d’aller au fond des choses afin que l’enfant puisse vivre dans un environnement sain et propice à l’épanouissement.
Dans ce deuxième exemple, un adolescent décide qu’il n’en peut plus de vivre avec ses parents. Les conflits entre les adolescents et leurs parents sont courants, mais celui-ci décide de faire une fugue et de vivre seul à l’extérieur. L’adolescent commence à consommer de la drogue et ses parents, au bout de leur rouleau, demandent de l’aide. Le travailleur social a donc pour but de mener l’adolescent vers un endroit sûr, même si celui-ci ne veut pas que les choses changent. Encore une fois, ceci implique d’entretenir des conversations difficiles, créer un lien de confiance avec l’adolescent et lui trouver un endroit sûr qui favorisera sa réussite future.
La protection de l’enfance est un des rôles importants de la travailleuse et du travailleur social, mais nous travaillons également avec des personnes, jeunes et âgées, venant de toutes les sphères de la société du Nouveau-Brunswick dans divers contextes, comme les hôpitaux, les écoles, les exercices privés, les programmes de services aux victimes, les programmes d’approche en matière de prévention de la violence conjugale, et plus encore.
Voici un exemple de cas de protection des adultes : deux personnes âgées en couple vivent à la maison, mais ne sont plus capables de prendre soin d’elles-mêmes. On appelle un travailleur social sur les lieux et celui-ci découvre que les deux personnes sont atteintes de démence et d’autres problèmes de santé et elles n’ont aucun membre de famille vivant qui peut prendre soin d’elles. On doit les déménager dans une résidence assistée, mais elles ne veulent pas y aller ni être séparées. Elles ont de la difficulté à accepter la situation, qui est exacerbée par le fait qu’elles sont atteintes de démence. Le travailleur social doit aider le couple à passer à travers ce changement traumatique. Au bout du compte, le couple déménage dans une résidence assistée et connaît une vie heureuse dans un environnement beaucoup plus sain et sécuritaire.
Ces exemples ne représentent qu’une partie de ce que les travailleuses et travailleurs sociaux font sur une base quotidienne. Certains croient que n’importe qui peut occuper un poste en travail social sans qualifications professionnelles, mais il s’agit d’une autre idée fausse. Ce travail complexe exige au minimum un baccalauréat en travail social; un grand nombre des travailleuses et travailleurs sociaux de la province ont reçu leur diplôme en travail à l’Université St. Thomas ou à l’Université de Moncton.
La travailleuse ou le travailleur social doit posséder la capacité de travailler avec des personnes atteintes de problèmes de santé mentale, un défi grandissant et bien documenté dans notre société actuelle. Une grande proportion des cas en travail social consiste à travailler avec des personnes qui souffrent d’un problème de santé mentale quelconque.
Au cours des deux dernières années, les tensions créées par la pandémie ont aggravé les problèmes de santé mentale de la population; les travailleuses et travailleurs sociaux en sont témoins tous les jours à titre d’intervenants de première ligne. Le grand public ne sait pas ce en quoi consistent les tâches quotidiennes des travailleuses et travailleurs sociaux; la réalité est qu’il s’agit d’un travail très éreintant, stressant et parfois même bouleversant.
Les travailleurs du secteur médical qui nous guident à travers la pandémie méritent tous les éloges. Les médecins, les infirmières et les professionnels de la santé publique, parmi d’autres, sont devenus les vrais héros pendant cette pandémie. Mais pensez également aux travailleuses et travailleurs sociaux; ils sont aussi des travailleurs de première ligne et les conséquences débilitantes de la pandémie exercent une pression accrue sur notre filet de sécurité sociale, ce qui rend encore plus difficile notre travail qui demande déjà beaucoup d’effort.
L’ATTSNB éprouve une grande fierté envers ses 2 150 membres et leur travail essentiel; nous espérons que le reste du Nouveau-Brunswick ressent ce même sentiment. Soulignons que notre travail est complexe et multidimensionnel. Nous travaillons avec les groupes les plus vulnérables de la province dans le but d’améliorer la vie des personnes qui ont le plus grand besoin d’aide lors de cette période très difficile.
Geraldine Poirier Baiani est présidente de l’Association des travailleuses et travailleurs sociaux du Nouveau-Brunswick